L’Exposé valentinien.
Les fragments sur le baptême et sur l’eucharistie

Ménard J.-É.



L’Exposé valentinien est le deuxième traité du codex XI et il compte 18 pages, auxquelles il faut ajouter cinq pages qui contiennent des fragments d’un traité sur le baptême et l’eucharistie. Ce texte nous est parvenu par une traduction copte du dialecte sub-akhmîmique où s’entremêle parfois le sahidique. Il est écrit dans une onciale penchée vers la droite tout à fait caractéristique de l’écriture de l’école d’Oxyrhynque. Notre texte copte remonterait donc au IIIe siècle et serait la traduction d’un original grec qui daterait du IIe siècle. L’état lacuneux du texte empêche d’en faire un commentaire thématique très élaboré, mais sa filiation valentinienne ne fait aucun doute. L’Exposé valentinien décrit un Plérôme de 360 éons sur lequel règne le Père et présente un monde inférieur séparé du Plérôme par la Limite. Ce monde inférieur vint à l’existence en raison de la faute de Sophia qui voulu engendrer une oeuvre sans l’aide de son conjoint. La venue du Christ a pour but la délivrance de Sophia et la restauration de l’unité originelle du Plérôme par le rassemblement des semences spirituelles dispersées ici-bas à cause de la faute de Sophia.

Le récit mythologique de l’Exposé valentinien partage de nombreux traits avec les différents systèmes valentiniens connus des hérésiologues et du Traité tripartite, traité valentinien du codex I. Son vocabulaire est valentinien, tout comme les doctrines de la Monade, de l’Ogdoade, de la Décade et de la Dodécade qu’il contient. La chute de Sophia, la création du Démiurge, la création de l’homme hylique et de l’homme spirituel, et la descente du Sauveur en vue de la séparation des passions sont aussi des doctrines valentiniennes attestées dans les systèmes valentiniens rapportés par Irénée, Hippolyte, Clément d’Alexandrie et Épiphane de Salamine. Les trois fragments sur le baptême et les deux sur l’eucharistie sont aussi à replacer dans le contexte de l’Exposé valentinien et du valentinisme. Par ailleurs, la division du Plérôme en 360 éons n’est pas sans rappeler l’arithmologie céleste que nous retrouvons dans le traité intitulé Eugnoste conservé dans les codices III et IV de Nag Hammadi. L’Exposé valentinien est donc un témoin direct important de la mythologie valentinienne, et ce, malgré son état lacunaire.